Le ministre canadien des affaires étrangères, Lawrence Cannon, a dû, par deux fois en une semaine, réaffirmer avec force la souveraineté du Canada sur son espace maritime. Vendredi 27 mars, il réagissait à l'annonce d'une nouvelle stratégie russe prévoyant de militariser l'Arctique. Deux jours plus tôt, il condamnait la revendication par la France de renégocier ses droits sur le plateau continental entourant l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Le même jour, le Kremlin venait en effet de rendre publique son intention de déployer des forces militaires dans l'Arctique pour "défendre ses intérêts" dans une région qui recèle d'immenses ressources convoitées par la Russie et le Canada et également par le Danemark, la Norvège et les Etats-Unis. Les Russes affirment que toute une partie des fonds marins de l'Arctique sont la propriété de Moscou parce qu'il s'agit d'un prolongement du plateau continental sibérien. La Russie a déposé un dossier auprès des Nations unies sur cette question.
Deux jours avant cette polémique sur l'Arctique, Ottawa s'était déjà senti attaqué sur un autre "front", celui de l'Atlantique. M. Cannon avait alors "déploré" la décision française de rouvrir le dossier de la délimitation du plateau continental de Saint-Pierre-et-Miquelon, archipel proche des côtes canadiennes de Terre-Neuve. L'enjeu porte, là aussi, sur l'exploitation de ressources pétrolières et gazières sous-marines.
La ministre française de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait annoncé mercredi le dépôt "d'ici le 13 mai", à la Commission des limites du plateau continental de l'ONU, d'une lettre d'intention pour "préserver les droits de la France". M. Cannon affirme, lui, que "le Canada prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre et protéger ses droits sur le plateau continental canadien".
"NE PAS REVENIR EN ARRIÈRE"
L'affaire pourrait relancer la polémique des années 1980 sur la délimitation des eaux territoriales et zones de pêche des deux pays au large de l'Est canadien. "C'est un incident qui ne devrait pas entacher leurs excellentes relations", pense Stéphane Roussel, un spécialiste de la politique étrangère canadienne. Le Canada estime que le différend a été réglé "de manière définitive" en 1992.
L'archipel français s'était alors vu octroyer une zone économique exclusive de 12 milles marins à l'est et de 24 milles à l'ouest, avec un corridor nord-sud de 200 milles de long par 10 milles de large. L'intérêt économique de cette zone reposait alors sur la pêche à la morue, dont les stocks se sont, depuis, effondrés. En revanche, du gaz et du pétrole ont été découverts non loin de là.
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